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cocci blog !
17 novembre 2008

La bâtarde d'Istanbul

Sa couverture colorée et le mot Istanbul m'a attirée. Quand j'étais à la fac en Allemagne, j'ai fait connaissance d'un tas d'étudiants étrangers, dont un Turc, qui m'a beaucoup parlé de cette ville.

istanboul

Cet excellent roman méritait une fiche de lecture digne de ce nom, trouvée sur le blog littéraire Amanda Meyre.

Une famille turque d’Istanbul, les KAZANCI, où les femmes sont complexes, passionnées, hypocondriaques, devineresses ou soumises, où les hommes meurent prématurément et laissent leur ombre flotter sur le quotidien de leurs femmes, filles, nièces ou sœurs.

Une famille arménienne émigrée en Arizona, les TCHAKHMAKHCHIAN, où le respect des traditions séculaires est le point d’ancrage pour supporter l’exil, où le culte du passé et la haine ancestrale des turcs sont cultivés de génération en génération, entretenus tel un héritage que tous se doivent de préserver et transmettre.

Rose Tchakhmakhchian pièce rapportée américaine dans cette famille traditionaliste, quitte son mari avec sa petite fille et épouse en secondes noces Mustafa KAZANCI, un Turc émigré aux Etats Unis. Provocation ? Histoire d’amour ? Toujours est-il que la belle famille de Rose n’est pas prête de lui pardonner cette trahison.

La fille de Rose, Armanoush, est passionnée de livres et de littérature. Sa famille la presse de « ne pas briller trop fort », « parce qu’il n’est jamais bon de s’écarter du chemin des gens ordinaires ». Armanoush décide de partir secrètement à Istanbul, dans la famille de son beau-père, sur la trace de ses racines arméniennes.

Elle y rencontrera Azya, la bâtarde, l’enfant que Zeliha Kanzanci n’a pu se résoudre à avorter, élevée sans homme, entourée de ses tantes, mère, grand-mère, arrière grand-mère. Azya est nihiliste, ne se pose aucune question sur le passé ni sur ses origines, puisque le passé est passé et que rien n’y pourra changer.

Rien ne les rapproche et pourtant Azya la turque maussade et Armanoush l’américaine littéraire vont se lier d’amitié. Elles veulent connaître le passé et comprendre leur histoire. Les portes qui s’ouvriront à elles ne seront pas celles qu’elles attendaient.

Ce roman est excellent. D’abord parce qu’il est plein de couleurs, de saveurs, d’images et d’éclairs qui traversent l’esprit du lecteur : on plonge dans cette ville cosmopolite et multiculturelle comme dans un kaléidoscope permanent. On se repait de cuisine turque dont les effluves et les odeurs imprègnent les pages. On se régale des couchers de soleils et de la vie qui bouillonne dans cette ville étourdissante.

Mais aussi et surtout ce roman parle de la souffrance qu’un peuple opprimé  se transmet de génération en génération pour ne pas oublier, de la rancune et de l’hostilité qui accusent sans distinction, sans recul et sans concession. Du culte du passé et de la victimisation dans lequel on se complait sans aller de l’avant.

Il parle aussi de la mémoire à sens unique d’un autre peuple, dont l’amnésie soigneusement entretenue empêche de reconnaître ses crimes et de rechercher le pardon, à défaut d’absolution.

Ce livre est un portrait riche et foisonnant de la Turquie contemporaine, tiraillée entre traditions et modernité, Orient et Occident, nonchalance et dynamisme.

J'ai beaucoup aimé ce roman d'Elif Shafak qui, suite aux propos d'un de ses personnages arméniens, a été accusée "d'insulte à l'identité nationale" turque et a risqué la prison (elle a finalement été acquittée).


 


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Commentaires
C
voilà j'ai mis du bleu plus foncé, ça devrait être mieux
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P
ça doit être pas mal.<br /> par contre, c'est difficile à lire ton texte en bleu.
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M
Il m'interesse bien ton bouquin!!!
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M
il a l'air intéressant<br /> j'aime la culture orientale
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